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plusieurs grands protestans et partisans de cette cause. Et lors, l’on publia un edict portant deffences, sous grandes et rigoureuses peines, de ne porter aucunes harquebuses, pistolets ny armes à feu. Ce qui fut en partie cause de haster la condamnation du conseiller du Bourg, duquel j’ay parlé cy-devant.

Ce que les protestans crurent provenir de la malveillance que leur portoient ceux de Guise, desquels le credit s’augmentoit tousjours : aussi disposoient-ils des armes et des finances, estats et charges honnorables ; sur quoy les protestans et leurs partisans firent deliberation de les esloigner de la Cour et de la personne du Roy, pour faire place au roy de Navarre, premier prince du sang, au prince de Condé et à la maison de Chastillon, qui estoit de leur party. Mais c’est chose bien estrange de vouloir donner la loy à son maistre, et principalement aux rois, et qu’il ne leur soit loisible de faire eslection de tels serviteurs qu’il leur plaira.

Ce que les rois de France ont quelquefois pratiqué, et n’ont appellé les princes de leur sang au maniment de leurs affaires que selon l’affection qu’ils leur portoient, pour la jalousie qu’ils s’en figuraient, craignans que l’ambition ne leur fist oublier le devoir naturel, bien que cela ne doive arriver. Et si Gontran[1] tua ses trois neveux, c’est un cas particulier d’une mauvaise conscience. Hieron, roy de Sicile, pour obvier à semblable inconvenient, ordonna par testament quinze

  1. Et si Gontran. Gontran, roi d’Orléans et de Bourgogne depuis 562 jusqu’en 593, ne fit pas périr ses neveux : au contraire, il servit de père à Clotaire, fils de Chilpéric. Il paroît que l’auteur a eu en vue Clotaire II, qui fit mourir deux fils de Thierry, et mit le troisième dans un cloître.