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contre-ligue, disant que tout ainsi que les Espagnols, qui avoient desplaisir de voir la paix en France, taschoient d’y remettre la guerre civile pour la seureté de leur Estat, les huguenots de France, avec leurs confederez, devoient la jetter en Flandre, et se joindre avec les seigneurs et autres huguenots du Pays-Bas, et par tel moyen donner le mesme empeschement au roy d’Espagne de ce costé-là, qu’il leur vouloit donner en France. Ce fut environ l’an 1565 que le prince d’Orange, les comtes d’Egmont et de Hornes, et plusieurs autres seigneurs, gentils-hommes, officiers, marchands et artisans des bonnes villes du Pays-Bas, présentèrent requeste au roy d’Espagne, tendante à ce qu’il luy plust faire retirer les garnisons espagnoles, et faire cesser la rigueur des persecutions contre les huguenots, et oster l’inquisition. Chose qui l’estonna fort, craignant que pareil accident ne luy advinst en ses pays, que celuy qu’il avoit veu par les guerres civiles de France pour le fait de religion, et que l’on ne chassast ou coupast la gorge aux Espagnols, qui estoient dedans le pays fort hays.

C’est pourquoy il delibera de les retirer, et y envoyer Marguerite d’Autriche, sa sœur naturelle, duchesse de Parme, pour gouverner ce pays ; laquelle j’y fus visiter de la part du Roy à son arrivée, et recognus lors que les peuples se lassoient fort de la domination espagnole. Le cardinal de Granvelle luy fut baillé comme principal conseiller et chancelier, plein de grande expérience, pour avoir manié longuement de grandes affaires avec l’empereur Charles V. Mais sur tout le cardinal ne vouloit point que l’on y ostast l’inquisition, qui y avoit esté introduite par l’Empereur