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fils, qui est aujourd’huy. Et lors se recommença nouvelle guerre, où je fus encore renvoyé pour y trouver remede : ce que les autheurs de ce meurtre eussent bien desiré, mais la reyne d’Escosse ayant eu le pouvoir et l’occasion de les chasser de son pays, ils s’allerent refugier en Angleterre, où ils furent reçus et maintenus, jusques à ce que le temps, qui porte tousjours avec soy vicissitude, les remena en Escosse avec nouvelles guerres ; lesquelles, avec la mort tragique de ce nouveau mary, qui fut emporté d’un caque ou deux de poudre estant couché au lit de sa femme, en ont enfin chassé la Reyne, qui aima mieux se réfugier entre les mains et en la puissance de la reyne d’Angleterre, où elle est encore aujourd’huy, que de plus se remettre en celle de ses sujets.

Et lors la reyne d’Angleterre, estant suppliée par la reyne d’Escosse de la recevoir comme sa cousine, et luy user d’hospitalité, envoya au-devant d’elle à la frontière, comme elle m’a dit, en intention de la traiter favorablement ; maisqu’aussi-tost elle cognut qu’elle faisoit des pratiques par tout le pays du Nort, pour luy troubler son Estat. Parquoy elle fut contrainte de la mettre prisonnière, où elle est encore, sans pouvoir trouver moyen d’en sortir, qu’à l’instant il ne survienne quelques nouvelles difficultez, lesquelles ont pour la pluspart passé par mes mains, comme l’occasion s’est présentée d’y estre employé, et le plus souvent deffendre l’honneur et la vie de la reyne d’Escosse, que l’on vouloit priver pour jamais de toutes ses pretentions à la couronne d’Angleterre. Ce qu’elle me disoit et escrivoit ordinairement luy importer plus que sa propre vie, qu’elle n’estimoit plus que pour conserver le