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d’Escosse estant devenue grosse, la reyne d’Angleterre augmenta ses mescontentemens à cause de ce mariage ; ainsi, l’altération croissant entre ces princesses, elles font estet de se faire la guerre. Lors la reyne d’Escosse a recours à l’alliance de France, pour avoir aide et secours d’hommes, de munitions de guerre et d’argent, et presse violemment pour les avoir : ce qui estonne fort Leurs Majestez et le conseil, qui ne faisoit que sortir de la guerre civile (laquelle avoit esté si cruelle en France), et de faire la paix avec la reyne d’Angleterre, qui n’eust pas failly, secourant la reyne d’Escosse, de rentrer en mauvais mesnage avec nous, et par ce moyen l’on eust renversé tout le bon commencement d’establir quelque repos en France.

Surquoy fut advisé de me despescher de nouveau vers les reynes d’Angleterre et d’Escosse, avec lettres, pouvoir et instructions, pour les inciter à demeurer bonnes sœurs et amies, en l’amitié desquelles le Roy, la Reyne sa mère, ne desiroient rien plus que de se lier et conjoindre fermement, avec remonstrances particulières à la reyne d’Escosse et à ses sujets, de se garder bien d’entrer en guerre civile, qui est la ruine et destruction de tous Estats, et mesme de se mettre en mauvaise intelligence avec la reyne d’Angleterre ; que c’estoit le meilleur conseil et secours que Leurs Majestez et tout le conseil de France, tant de la part de l’une que de l’autre religion, luy pouvoient donner. Mais cette jeune princesse, qui avoit un esprit grand et inquieté, comme celui du feu cardinal de Lorraine, son oncle, ausquels ont succédé la pluspart des choses contraires à leurs deliberations, ne pouvoit s’accommoder avec la reyne d’Angleterre, qui estoit plus puissante qu’elle.