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jours entre la Reyne, mere du Roy, et elle ; lesquelles, à la vérité, j’avois trouvé auparavant en assez mauvaise intelligence, par quelques sinistres rapports que l’on faisoit de l’une à l’autre. Chose qui est fort dangereuse en matiere d’Estat, d’animer les grands les uns contre les autres, soit que l’on les veuille flatter ou les mettre mal ensemble : ce qui n’apporte que dommage à eux et leurs Estats, et qui tourne bien souvent à la confusion de ceux qui procurent et font ces mauvais offices.

Donc, n’ayant fait que demi voyage, je proposay à la reyne d’Angleterre la charge que j’avois du Roy mon maistre, et de la Reyne sa mere, de passer jusques en Escosse pour aller voir la Reyne, tant pour leur rapporter de ses nouvelles que pour luy faire part de leur bon conseil et advis sur ce en quoy elle en pourroit avoir besoin ; mais je trouvai la reyne d’Angleterre plus froide envers la reyne d’Escosse qu’auparavant, comme se plaignant d’elle de luy avoir soustrait un sien parent et sujet, et de le vouloir espouser contre son gré. Discours bien esloigné de son cœur, comme j’ay dit cy-devant ; car elle faisoit tous ses efforts et n’espargnoit rien pour avancer le mariage, que je trouvay fait et consommé quand j’arrivay en Escosse : et par ainsi j’eus plustost à me conjouir du succès des nopces que d’y donner consentement pour Leurs Majestez, ausquelles les deux mariez tesmoignoient estre fort obligez du soin qu’elles avoient d’eux, promettant de vouloir confirmer les alliances plus grandes et fortes qu’elles n’avoient jamais esté entre ces deux royaumes.

Ce qui fut effectué par ce jeune Roy, qui fut, quelque temps après, fait chevalier de l’ordre de France, et visité et honoré de quelques présens. La reyne