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et quand bien elle voudroit derechef se marier en France ou en Espagne, ce seroit avec tant de despenses et de difficultez, que le royaume d’Escosse ne seroit bastant pour y fournir ; et aussi que ce seroit apporter une grande jalousie à la reyne d’Angleterre, laquelle n’en prendroit point du milord d’Arlay, qui estoit son sujet, et de son sang comme la reyne d’Escosse ; laquelle je trouvay une autre fois que je la fus revoir ainsi que l’on luy faisoit tous ces discours, et que le milord d’Arlay arriva en Escosse avec peu ou point de moyens, lequel me rechercha tant qu’il put pour luy estre favorable en ses amours, vu l’accès que j’avois de longue main auprès de cette princesse, qui me faisoit l’honneur de ne me rien celer de ce qui luy estoit proposé pour son mariage, mes audiences durant depuis le matin jusques au soir.

Ce n’estoit pas toutesfois mon intention de la porter de ce costé, bien que je recognusse que cette pratique alloit si avant qu’il eust esté fort difficile de l’en divertir, soit qu’elle y eust esté poussée, comme aucuns ont voulu dire, par des enchantemens artificiels ou naturels, ou par les continuelles sollicitations des comtes de Muray et du secrétaire Ledinton, et autres de cette faction, qui ne perdoient pas une heure de temps pour avancer ce mariage.

De façon que la reyne d’Escosse, m’en demandant un jour mon opinion, me déclara fort particulierement les raisons qui la pourroient mouvoir à le faire, avec le consentement du Roy et de la Reyne sa belle-mere, s’ils le treuvoient bon et luy conseilloient, et non autrement ; me priant de recevoir cette charge de leur représenter le tout comme si elle y envoyoit ex-