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Or le Roy, desireux d’achever ce grand voyage par son royaume, après avoir donné ordre en la ville de Lyon et aux affaires plus importantes de la province, et donné favorable audience au milord Honsdon, parent de la reyne d’Angleterre, qui estoit venu pour jurer la paix, et porter à Sa Majesté l’ordre de la Jarretière, avec asseurance de la parfaite amitié que la reyne d’Angleterre promettoit de porter à Leurs Majestez, s’achemina, avec la Reyne sa mere, à Roussillon, maison du comte de Tournon qu’elle tenoit pour son appanage, où le duc et la duchesse de Savoye et de Berry, et tante du Roy, les vinrent visiter, desquels ils furent fort bien reçus. Et comme le duc de Savoye estoit prince fort sage et advisé, il se rendit si agreable à Leurs Majestez, qu’il fut grandement aimé d’elles.

Alors fut faite une deffence fort expresse de ne prescher à dix lieues à la ronde de la Cour, sans avoir esgard à la permission de prescher en certaines villes portées par l’edict, qui fut interprété quand le Roy n’y seroit point. Et par un edict[1] que l’on appella l’edict de Roussillon, il fut deffendu expressement à toutes personnes, de quelque religion, qualité et condition qu’elles fussent, de se molester les uns les autres, ny de rompre et briser les images, ny toucher aux choses sacrées, sur peine de la vie ; et qu’en certains lieux non suspects seroit fait exercice de la religion des hu-

  1. Et par un édict. L’édit de Roussillon, publié le 4 aout, restreignit l’exercice du culte protestant dans les châteaux des seigneurs ; il défendit les levées de deniers, de quelque nature qu’ils fussent, sous peine de punitions corporelles ; enfin il ordonna aux prêtres, religieux et religieuses, qui s’étoient mariés, de vivre dans le célibat ou de sortir du royaume.