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requeste des commissaires et deputez par le pape Pie IV, pour luy faire son procès. Ce qui fut fait par sentence donnée contre elle[1] par deffaut et contumace. Et ses pays, terres et seigneuries furent interdites et exposées au premier conquérant, de mesme que le pape Jules II en avoit usé contre feu Jean d’Albret, ayeul paternel d’icelle, qui fut aussi interdit, et chassé de son royaume par Ferdinand, roy d’Arragon, combien que Jean d’Albret fust catholique, excommunié toutesfois, soit qu’il fust affectionné au roy Louis douziesme, qui le fut aussi par le mesme Jules second, ou par autre cognoissance de cause que je laisse libre de juger. Mais le roy Charles neufviesme, resolu pour lors de maintenir la paix en son royaume, embrassa la protection de la reyne de Navarre, comme de sa sujette et proche parente, et envoya vers le Pape pour luy faire entendre le tort que l’on luy faisoit, contre la teneur des traitez et concordats d’entre les papes et les roys de France, premiers deffenseurs du Sainct-Siege apostolique, en priant Sa Saincteté de mettre au neant les deffauts et contumaces, autrement qu’il se pourvoiroit par les voyes et moyens desquels les roys ses prédécesseurs avoient usé en cas semblable. Ce que Sa Majesté fit finalement entendre aux autres princes par ses ambassadeurs ordinaires. Neantmoins le Pape ne voulut aucunement révoquer les procedures par luy

  1. Par sentence donnée contre elle. La bulle de Pie IV est du mois de septembre 1563. Elle a la forme d’un monitoire ; on y remarque ces expressions : Ita quod in casu contraventionis, quod Deus avertat et contumaciæ, regnum, principatus et alla cujuscunque status et dominia hujusce modi, dentur et dari possint cuilibet illa occupanti, vel illi aut illis quibus Sanctitati Suæ et successoribus suis dare et concedere magis placuerit.