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chose que de la paix. Dequoy ayant donné advis à Leurs Majestez, elles m’escrivirent incontinent de luy donner quelque espèce de liberté, regardant toutesfois qu’il n’eschapast, comme aucuns donnoient des advis qu’il en avoit intention ; mais c’estoit chose où il ne pensoit pas. Trokmarton, qui estoit à Sainct-Germain en Laye tenu assez estroitement, se scandalisoit fort que l’on voulust traiter sans luy avec Smyth, disant qu’il luy feroit un jour couper la teste, pour estre entré seul en ce traité, sans demander qu’ils fussent conjoints ensemble, disant qu’il sçavoit mieux, comme le dernier party d’Angleterre, l’intention de leur maistresse.

Mais Smyth, qui estoit homme résolu et prévoyant, n’en fit pas grand compte. Au contraire il demanda d’estre mis en liberté, comme ambassadeur ordinaire de la Reyne sa maistresse ; et, comme sçachant ce qui estoit utile pour le bien de la France et de l’Angleterre, il viendroit bien-tost aux particularitez necessaires pour le bien de la paix. Ce qu’ayant mandé au Roy et à la Reyne sa mère, ils m’escrivirent par un courier que je luy proposasse, comme de moy-même, que, s’il vouloit, nous irions à Paris, et de là nous approcherions de la Cour, et pourrions aller jusques à Meulan où le Roy estoit, lequel, de son retour du Havre de Grace, s’estoit fait déclarer à Rouen majeur à quatorze ans, selon l’ordonnance de Charles cinquiesme ; ce qui donna jalousie au parlement de Paris, où tels actes avoient accoustumé à estre faits. Je dis donc à Smyth qu’estant près de Leurs Majestez, je luy procurerois une favorable audience, dont il fut fort aise. Neantmoins il me dit, comme nous avions beaucoup