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pas amis, comme il estoit aise à voir, car ils ne faisoient pas grande estime l’un de l’autre, Smyth me dit alors que, s’il eust esté cru en Angleterre, et que Trokmarton ne luy eust renversé ses desseins, le Roy seroit en bonne amitié et intelligence avec la reyne d’Angleterre sa maistresse, qui eust donné tout contentement et satisfaction à Leurs Majestez ; et que, comme bien instruit de l’estat de France et d’Angleterre, il sçavoit bien que ces deux royaumes ne pouvoient demeurer longuement en guerre, que nécessairement ils ne vinssent à quelque bonne paix, pour la grande communication et correspondance qui est entre eux, et sçavoit les moyens, s’il plaisoit au Roy et à la Reyne sa mère, de les rendre en peu de jours en meilleure intelligence avec la Reyne sa maistresse, qu’ils ne furent jamais : chose qu’il ne voudroit communiquer qu’à Leurs Majestez, et plustost par moy que par nul autre, pour l’amitié que je luy avois portée et à toute l’Angleterre. Il me dit aussi qu’il estoit adverty que le Connestable avoit dit au Roy et à la Reyne sa mère qu’en peu de jours il leur feroit une trefve avec la reyne d’Angleterre, qui seroit meilleure que la paix qui estoit auparavant.

Ce qu’ayant mandé à Leurs Majestez, elles m’escrivirent incontinent de tenir l’ambassadeur sur ce propos, et, attendant que la paix se pust faire, de commencer de traiter de la trefve avec luy, afin d’éviter tant de dommages et pertes que les Anglois et François recevoient tous les jours, qui ne tournoient qu’au profit des pirates, estant le commerce arresté et tous les marchans volez et pillez sur la mer, avec grande perte pour tous les deux royaumes. Mais Smyth demeura résolu et opiniastre à ne vouloir parler d’autre