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Et se firent beaucoup de belles délibérations, qui furent bien-tost oubliées, après que l’armëe fut rompue et separée, et Leurs Majestez esloignées ; qui laissèrent le Connestable au Havre-de-Grace, afin de donner ordre à toutes choses, et de là s’en allèrent à Sainct-Romain, puis à Estellam, où j’allay les trouver, pour les supplier d’avoir agréable que je leur remisse le chasteau de Tancarville, qu’ils m’avoient baillé en garde, et licenciasse quelque quatre-vingts chevaux légers que j’avois de reste dedans le pays de Caux, et des gens de pied qui n’estoient plus nécessaires d’y estre entretenus, me voulant retirer de ce pays-là le plustost qu’il me seroit possible, et me descharger des grandes despenses que j’y faisois, pour lesquelles je me voyois beaucoup endebté, n’estans mes gens trop bien payez.

Surquoy Leurs Majestez me firent de belles premesses, et en mesme instant me commandèrent, avant que de licencier mes chevaux légers, d’aller sur le chemin de Rouen, pour rencontrer les deux ambassadeurs d’Angleterre qui vouloient s’acheminer vers le Roy, lequel ne les vouloit nullement voir. L’un estoit Smyth, pour ambassadeur ordinaire, l’autre estoit Trokmarton, son prédécesseur, tous deux commandez par la reyne d’Angleterre de se haster d’aller trouver Leurs Majestez au Havre-de-Grace, où Trokmarton laissoit aller Smyth devant pour voir quel il y feroit. Mais l’un et l’autre y arriverent trop tard ; et d’autant que Foix, qui estoit pour lors ambassadeur du Roy résidant en Angleterre, estoit fort estroitement observé et quasi comme prisonnier, le Roy fut conseillé de faire le semblable à l’endroit de Smyth, et de ne