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gion ; et que, s’ils attendoient d’estre forcez, ils ne dévoient espérer aucune faveur ny miséricorde ; dont il seroit marry pour l’amitié qu’il avoit tousjours portée à l’Angleterre, envers laquelle il avoit tousjours procuré une bonne intelligence avec les roys ses maistres ; et bien souvent s’estoit rendu médiateur de la paix et union entr’eux, ce qu’il désiroit encore faire en cette occasion. Ce sont ses mesmes paroles et remonstrantrances, ausquelles j’estois présent.

Sur une telle nouvelle, le comte de Warwik prit conseil et advis des capitaines, et, après, fit sortir un nommé Paulet desjà âgé, et commissaire generai des vivres : lequel fit response qu’ils estoient venus en cette place par le commandement exprès de la Reyne leur maistresse, et estoient resolus d’y mourir tous plustost que la rendre sans son très-exprès commandement ; usant au reste de toutes honnestes paroles, et qu’en autre occasion ils désireroient de faire service au Connestable ; lequel, voyant cette response, ne perdit pas temps, comme il n’avoit fait pendant la sommation, pour faire recognoistre une palissade que ceux de dedans gardoient soigneusement, comme leur estant de grande importance, et qui joignoit la porte de la ville. Il commanda, dès lors, de faire une batterie pour rompre les deffences de la tour du Guay[1] ; et le lendemain au matin fit tirer plusieurs coups de canon dedans la porte de la ville, et du long de la courtine : ce qui estonna fort les Anglois, qui voyoient faire telles approches en lieux si mal aisez, et loger l’artillerie en des tranchées faites dedans des pierres et gravois, sans qu’il y eust terre, gabions ou fascines pour

  1. Du Gay. Il faut lire du Quay.