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le plus qu’ils pouvoient en France, à la faveur de nos divisions, lesquelles un ambassadeur d’Angleterre, nommé Trokmarton, duquel j’ay cy-devant parlé, avoit fomentées et entretenues longuement par la continuelle frequentation et intelligence qu’il avoit avec l’Admiral et ceux de son party. Trokmarton, que j’ay cognu homme fort actif et passionné, prit violamment l’occasion, laissant à part tout ce qui estoit de l’office d’un ambassadeur, qui doit maintenir la paix et l’amitié, pour se rendre partial contre le Roy, ne recognoissant que les volontéz de l’Admiral ; et sceut si bien gagner la reyne d’Angleterre, sa maistresse, et ceux de son conseil, qu’il la fit entrer en cette partie, dont elle m’a souvent dit depuis qu’elle s’estoit repentie, mais trop tard.

Il n’avoit rien oublié à la persuader sur les belles occasions qui se présentoient par la division des François, et davantage pour la cause de la religion, plus importante que toutes les autres, et sur tout pendant le bas âge du Roy ; et que non seulement elle auroit la Normandie, mais la meilleure part du royaume de France, où les roys d’Angleterre avoient tant de prétentions, et dont ils avoient perdu la possession par la réunion des François. Davantage, que les Anglois se pourroient par ce moyen exempter des guerres civiles qu’ils craignoient s’allumer en leur royaume pour la mesme cause de religion, où les catholiques portoient fort impatiemment que l’on leur eust osté la leur. Pour ces causes donc, et autres, la reyne d’Angleterre avoit pris son pretexte de vouloir ayder le Roy, son bon frère, disant estre advertie qu’il estoit prisonnier, et secourir ceux de sa religion, suivant le titre qu’elle