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rechercher les moyens de faire la paix, où elle ne fut pas difficile à persuader. À cette occasion trefves furent accordées d’une part et d’autre.

La princesse de Condé fut voir la Rejne à Saint-Mesmin, où elle fut fort bien reçue avec beaucoup de belles promesses. Et fut arresté un parlement, qui se tint dans l'Isle-aux-Bœufs près la ville d’Orléans, où furent menez le prince de Condé et le Connestable, qui disoit ne pouvoir souffrir que l’on remist l’edict de janvier : mais il se trouva d’autres moyens par ceux qui estoient du tout désireux de la paix, disans qu’autrement l’Estat estoit en danger de se perdre. Le prince de Condé demanda d’entrer à Orléans pour en conférer, à condition aussi que le Connestable iroit en l’armée du Roy ; ce qui fut accordé avec suspension d’armes d’une part et d’autre.

Qui fut sagement advisé parla Reyne, mere du Roy, lassée de voir la France si affligée de guerre civile, en laquelle les victorieux perdoient autant et plus quelquefois que les vaincus. Et combien que le Roy eust une puissante armée, et moyen de la faire encore plus grande, si est-ce qu’ayant perdu les chefs, il n’en pouvoit pas recouvrer de semblables. Au contraire, les huguenots avoient encore l’Admiral, avec un grand nombre de cavalerie, avec plusieurs villes ; davantage l’on craignoit qu’il ne s’approchast d’Orléans pour le secourir, où, s’il eust eu la victoire, il eust mis le Roy et le royaume sous la puissance des huguenots, qui avoient lors une grande part aux finances du Roy, sans qu’il luy fust possible recevoir la moitié de ses deniers et subsides, ny les faire tenir au trésor de l’espargne, estant Sa Majesté endebtée de plus de cinquante millions.