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L’Amiral répondit à cette requête, et c’est sa troisième apologie. Il est assez singulier de voir ce chef des protestans, qui se prétendoit le plus ardent défenseur des anciennes libertés du royaume, soutenir que les rois peuvent dérober leurs sujets à la justice ordinaire, et les traduire devant des commissions. « Quoi que madame de Guise puisse supposer par ses requestes, dit-il au jeune monarque, la justice, administration et distribution d’icelle est en vostre main, non liée, ni obligée à cour de parlement ou autre, pour, soit de volonté, soit par justice, la raison et nécessité le requérant, la commettre à qui bon semblera, comme vous et vos prédécesseurs avez faict en plusieurs cas et exemples. » Ensuite, d’accusé devenant accusateur, l’Amiral reproche audacieusement au feu duc de Guise d’avoir pris les armes sans l’aveu du Roy, et faict plusieurs choses au préjudice de Sa Majesté, et du repos du royaume.

Catherine ajourna cette affaire à trois ans, et elle défendit de faire aucune poursuite jusqu’à l’expiration de ce terme. Enfin, en 1566, elle obtint à Moulins une réconciliation apparente entre les maisons de Guise et de Châtillon.

Pendant que Coligny se justifioit ainsi de l’assassinat du duc de Guise, un protestant écrivit à la Reine-mère une lettre datée de Rome. On y trouve l’apologie la plus révoltante du crime de Poltrot. En voici un passage très-remarquable :

« Au lieu de recognoistre, madame, qu’un tel ouvrage est procédé de la main de Dieu en faveur manifeste du Roy et de vous, madame, et pareillement aussy de tout le royaume, et luy rendre louange et