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ques au dix-huitiesme février 1562, qu’il luy tira en l’espaule, de six ou sept pas, un coup de pistolet chargé de trois balles empoisonnées.

Incontinent qu’il eut fait le coup, il essaya de se sauver par les taillis, desquels il y a quantité en ce pays là ; mais ayant chevauché toute la nuit en crainte, pour la grande trahison qu’il avoit commise, et estant, luy et son cheval, fort las et harassez, il descendit en une grange près du lieu d’où il estoit party ; et le lendemain, ayant esté trouvé endormy par Le Seurre, principal secrétaire du duc, il fut pris et mené en prison, où estant accusé par conjecture, il confessa le fait ; et fut mené en présence de la Reyne mère deux ou trois jours après, où il fut interrogé.

Quelque temps après, il fut publié un petit livre, par lequel l’on chargea l’Admiral, La Rochefoucauld, Feuquières, Théodore de Beze et Soubise, auquel les huguenots firent response par forme d’apologie, disant que ledit Poltrot avoit pris ce conseil de soy-mesme, sans en demander advis à personne. Aussi l’Admiral s’en est tousjours voulu purger, disant l’acte estre meschant, encore qu’il dist que, pour son particulier, il n’avoit pas grande occasion de plaindre la mort du duc de Guise, lequel finit ses jours de cette blessure le mercredy vingt-quatriesme dudit mois, après avoir esté malade sept jours[1] avec de grandes douleurs et

  1. Après avoir esté malade sept jours. Il ne le fut que six : blessé le 18 février, il mourut le 24. Par ordre de la Reine-mère, l’évêque de Riez fit une relation de la mort du duc de Guise. On y voit que ce prince fut plus grand encore dans ses derniers momens que pendant sa vie. À une époque où les partis étoient exaspérés l’un contre l’autre, un passage de cette relation fit beaucoup de scandale, et compromit la duchesse de Guise, Le prélat, rappelant les conseils du prince à son