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parti de l’Eglise catholique, apostolique et romaine) ; car les protestans, ainsi se nommoient-ils pour les protestations qu’ils faisaient de leur religion, à l’imitation des Allemans, estoient si odieux, que l’on faisoit mourir ceux qui demeuroient obstinez et resolus en leurs opinions ; et à aucuns l’on couppoit la langue, de peur qu’en mourant ils ne donnassent au peuple impression de leurs doctrines, ou ne vinssent à mesdire des sacremens : ce qui auroit esté continué depuis l’an mil cinq cens trente et deux, que l’on commença à brûler les lutheriens.

À quoy plusieurs juges et magistrats estoient poussez d’un bon zele, pensans faire sacrifice agreable à Dieu de la mort de telles gens, parce que le peuple de France, de toute ancienneté, a toujours, par sus tous les peuples de l’Europe, esté fort adonné à la religion, comme nous lisons mesme ès commentaires de Cesar. Or tout le clergé de France, et presque toute la noblesse, et les peuples qui tenoient la religion romaine, jugeoient que le cardinal de Lorraine et le duc de Guise estoient comme appellez de Dieu pour la conservation de la religion catholique, establie en France depuis douze cens ans ; et leur sembloit non seulement impieté de la changer ou alterer en sorte quelconque, mais aussi impossible sans la ruine de l’Estat, comme à la verité ces deux choses sont tellement conjoinctes et liées ensemble, que le changement de l’une altere l’autre. Ce que prevoyant le feu roy Henry, avoit fait un edict au mois de juin 1559, estant à Escoüan, par lequel les juges estoient contraints de condamner tous les lutheriens à la mort ; lequel fut publié et verifié par tous les parlemens, sans limitation ny modification