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s’efforçant de contenter ledit Trokmarton en tout ce qu’il put, et fit relire et publier de nouveau la déclaration qu’avoit faite la reyne d’Angleterre, pour monstrer que son intention n’avoit jamais esté autre que de secourir le Roy son bon frère, contre la violence et desseins de ceux qui le gouvernoient par force, sans vouloir rien entreprendre dedans le royaume, qui ne fust pour le bien et conservation de son Estat.

Et ainsi, par tous moyens, ledit Admirai taschoit de faire ses affaires en Normandie, y branquetant[1] tous les villages, leur faisant payer et fournir certaines contributions, et mettre les catholiques à rançon, pour payer ses reistres qui estoient logez au large : lesquels je laisseray pour retourner au duc de Guise qui approcha d’Orleans, et s’alla loger au village d’Olivet, à demie lieue de la ville, le 5 février 1563, où, ayant fait refaire le pont en diligence, et celuy de Sainct Mesmin, et la chaussée des Moulins de Sainct-Samson, il fit son dessein en peu de temps de mettre en liberté le Connestable, et de prendre la ville d"Orléans, contre le conseil et opinion de plusieurs de la Cour, qui demandoient qu’il allast en Normandie, pour y combattre ou empescher les desseins de l’Admiral, et lequel n’avoit personne qui luy contredist et fist resistance. Car le comte Rhingrave, qui n’avoit que ses deux régimens de lanskenets et les six compagnies qui m’avoient esté baillées, avec quelque cavalerie, et douze cens reistres, estoit de l’autre costé, au pays de Caux, au delà de la rivière de la Seine, et attaché au Havre-de-Grace, que l’on ne pouvoit abandonner sans mettre le pays à la mercy des Anglois, qui estoien audit Havre et à

  1. Branquetant : pillant.