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part de leurs logis, en partie pour tesmoignage de l’inimitié qu’ils portoient à ladite ville, à laquelle ils ne purent faire pis. Son armée estoit d’environ huit à neuf mille hommes de pied et quatre mille chevaux. Estant deslogé, il se mit en l’arrière garde avec tout ce qu’il avoit de meilleur et de plus fort, craignant d’estre assailly de l’armée du Roy, comme il en fut suivi de bien près. Il alla faire son premier logis à Palayseau, et le lendemain à Limours, où il demeura tout le jour à tenir conseil, faire plusieurs despesches et attendre nouvelles de ce que feroit nostre armée. Le treiziesme jour dudit mois, il alla loger à Sainct-Arnoul, sur le chemin de Chartres, pensant le prendre ; mais les portes luy furent fermées : neantmoins, plusieurs prestres et catholiques y furent tuez ; et voyant qu’il ne pouvoit prendre cette ville, pour n’avoir pas un suffisant attirail ny esquipage d’artillerie, il en fit charger la pluspart audit Sainct-Arnoul sur des chariots.

Cependant l’armée du Roy sortit de Paris, et, costoyant celle des huguenots, s’approcha d’Estampes feignant la vouloir assiéger ; ce qui n’estoit pas son dessein, mais de combattre l’armée des ennemis avant qu’elle fust passée en Normandie et jointe avec les Anglois, et qu’elle eust receu l’argent que l’on leur apportoit de ce costé.

Là-dessus les huguenots se trouvèrent bien empeschez, et prirent diverses délibérations : l’une, d’aller droit à Chartres l’assiéger, et en promettre le pillage à leurs soldats ; l’autre, de se loger en lieu avantageux pour attendre l’armée du Roy au combat, ce qui ne fut trouvé bon des principaux chefs, voyans que nostre armée avoit eu du renfort et les suivoit de si près. Lors