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vay avec eux aussi prisonnier des Anglois, y estant les François sans aucune autorité.

Mais ayant beaucoup de cognoissance avec le comte de Warwik, lequel me traita bien, et plusieurs desdicts Anglois, pour les affaires que j’avois traitées en Angleterre, il désira que je fisse encore un autre voyage sur ma foy, pour dire à Leurs Majestez qu’entrant dedans le Havre de Grace, il n’avoit autre commandement de la reyne d’Angleterre, sa maistresse, que de faire service au Roy et à son Estat, le voyant si affligé et en l’extrémité des guerres civiles. Je ne voulus pas accepter cette charge en cette façon, mais bien offris-je audict comte de Warwik d’aller devant le Roy, et luy dire comme il s’estoit entierement saisi de la forteresse du Havre de Grace, et que j’en avois veu les François, fors Beauvois et quelque peu de sa suite, qui n’y avoient plus aucun commandement ; et que si ledict sieur comte pretendoit quelque chose du Roy, je ferois volontiers le voyage, et luy en rapporterois les nouvelles.

Sur cela je pris l’occasion, estant toujours prisonnier sur ma foy, de retourner à la Cour et en nostre armée, pour faire entendre à Leurs Majestez ce que j’avois veu, et aux chefs de l’armée. Et comme j’estois allé avec des paroles de la part du comte de Warwik, sçachant bien qu’elles ne serviroient de rien que pour faciliter ma liberté, je fus semblablement redespesché de la Cour, avec autres paroles qui ne pouvoient que contenter ledict comte et la reyne d’Angleterre, sa maistresse, et aussi pour luy remonstrer que, n’y ayant encore que peu de temps qu’il s’estoit fait une bonne paix avec le feu roy Henry, par le moyen du traité