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certaine severité qui luy estoit naturelle et bien-seante. Et d’Andelot, son frère, combien qu’il n’eust pas tant d’experience, estoit tenu neantmoins fort vaillant et hazardeux, et avoit beaucoup de creance avec les soldats. Et pour le regard du cardinal de Chastillon leur frère, il avoit esté, dès sa jeunesse, nourry au maniement des grandes affaires, et estoit très-grand courtisan, qui aimoit et faisoit plaisir et caresse à la noblesse. Quant au prince Porcian, il estoit jeune, prompt, volontaire, et toutesfois bien suivy, comme estoient les sieurs de Rohan de Bretagne, de La Rochefoucault, de Genlis, de Montgommery, de Grammont, de Soubise, de Mouy, de Piennes, et plusieurs autres seigneurs, ausquels se rallioient de toutes parts quantité de leurs parens, amis et serviteurs, tant capitaines, soldats, qu’artisans, et plusieurs mesme de la maison du Roy et de la Cour : ce qui accrut tellement le nombre des protestans, qu’ils eurent moyen de faire une armée, mais non pas telle que celle des catholiques, qui avoient le Roy pour eux et la pluspart des villes.

Or, lesdicts protestans pour donner bonne impression de leurs armes, firent dès lors publier une déclaration, comme ils avoient esté contraints de les prendre, tant pour le tort que l’on faisoit au Roy, à messeigneurs ses frères, à la Reyne sa mère, qui estoient comme captifs, que parce que l’on avoit empesché à Paris l’exécution de l’edict de janvier ; et pretestoient n’avoir autre but devant les yeux en la confédération qu’ils avoient faite de prendre les armes et juré inviolaljlement de mourir tous ensemble que pour l’honneur de Dieu, la liberté du Roy, de ses fre-