Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sainct-André, auparavant que le prince de Condé y pust arriver, parce que son intention estoit de se faire le plus fort auprès du Roy et de la Reyne sa mère : et d’autant que Fontainebleau n’estoit qu’une maison de plaisir, sans aucunes murailles ny fossez, le roy de Navarre remonstra au Roy et à la Reyne sa mère que Leurs Maj estez n’y pouvoient demeurer seurement, et pour cette occasion qu’il estoit expédient de retourner à Paris : ce qui fut fort disputé et desbattu, d’autant que l’on disoit à la Reyne que le Roy, elle et tous ses enfans, se mettroient du tout en la puissance de ceux de Guise, lesquels tacitement, comme aucuns vouloient dire, prendroient toute l’authorité, laquelle leur seroit conservée et maintenue par ceux de Paris. Davantage, l’on conseilla à la Reyne, mère du Roy, de ne se mesler des querelles du prince de Condé avec le duc de Guise, et fut conclu par le Roy qu’il ne falloit bouger de Fontainebleau ; mais, pensant que cela venoit du conseil, qui n’estoit pas favorable aux desseins du roy de Navarre, de ceux de Guise et du connestable, après que la chose fut quelque temps contestée de part et d’autre, le roy de Navarre dit à la Reyne que, pour le rang qu’il tenoit dans le royaume, comme premier prince du sang, il ne pouvoit accorder ny consentir que le Roy demeurast à Fontainebleau, la suppliant de faire condescendre Sa Majesté, avec le conseil du connestable et autres principaux officiers de la couronne, de mener le Roy à Paris. Alors Leurs Majestez, ne pouvant mieux, eurent recours à quelques larmes. Et ainsi le roy de Navarre estant du tout conseillé dudict connestable, du duc de Guise et mareschal de Sainct-André, emmena toute la Cour à Paris. Lors le prince de Condé