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maisons, ainsi unis, donnèrent un mauvais coup aux protestans, lesquels firent une lourde faute ; car, estans paisibles en l’exercice de leur religion, ils se voulurent mesler trop avant des affaires d’Estat, et proposer qu’il falloit faire rendre compte à ceux qui avoient manié les finances, comme s’ils eussent esté trésoriers ou receveurs : ce qui n’estoit pas aisé à faire à telles personnes, qui avoient fait tant de services à la couronne, et avoient beaucoup d’amis et serviteurs, et qui avoient plusieurs enfans, qui n’eussent pas eu moins d’esgard à leur conservation et de leur maison, qu’à l’Estat du royaume.

Or, le bruit de cette confédération estant publié, les catholiques commencèrent de mespriser les protestans avec paroles dédaigneuses ; et, les voyans sortir des villes pour aller aux faux-bourgs et villages où se faisoient les presches, et retourner mouillez et crottez se mocquoient d’eux ; et les femmes n’estoient pas exemptes que l’on n’en fist des contes, soit qu’elles fussent guidées de religion, ou d’amour et affection de voir leurs amis qui se trouvoient en telles assemblées. Et lors s’il se mouvoit quelque dispute pour la religion, elle estoit soudain accompagnée de colère et mépris, et de là on venoit aux mains, où les protestans estoient le plus souvent battus ; aussi estoient-ils en moindre nombre que les catholiques. Et sans la crainte des magistrats, ils eussent eu encore pis ; car les catholiques ne pouvoient supporter leurs presches et assemblées.

Et de fait, le seiziesme jour de novembre 1561, en la ville de Cahors en Quercy, les protestans s’estans assemblez en une maison pour faire leurs presches et