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catholique avec les robbes longues. Ce qui les fait plus estimer que les protestans de France, de Genève, d’Escosse et autres, qui, sous prétexte de religion plus reformée couvrans leurs passions, se sont pris mesme aux choses qui ne leur nuisoient point, mais servent à retenir les peuples en une honneste révérence et plus grande modestie à l’endroict des ecclésiastiques.

Aussi la pluspart de ceux qui regrettent la messe et l’exercice de la religion catholique, es endroicts d’où les princes l’ont chassée, ne peuvent encore quitter les habits des gens d’église, avec les cérémonies que les chrestiens ont si long-temps gardées, et lesquelles ont retenu les peuples en dévotion et admiration tout ensemble, avec beaucoup d’obéissance à leurs evesques, suffragans, curez, abbez, prieurs, et autres qui ont charge en l’Église. Qui fut la cause pourquoi les lévites furent séquestrez des peuples, et revestus d’ornemens qui témoignoient la révérence qui estoit deue à leur office, et leur grand pontife avoit un habit fort riche et de grande majesté. De sorte que Jaddus, pontife des Hébreux, n’eut aucun meilleur moyen que de se vestir de son habit pontifical, pour destourner l’armée d’Alexandre le Grand, lequel, ayant veu le pontife en tel habit, s’agenouilla devant luy, et luy accorda tous les privilèges, exemptions et prérogatives qu’il demanda, combien qu’Ephestion l’en voulust empescher.

L’on dit que le pape Urbain en usa de mesme avec son habit pontifical, pour empescher la fureur d’Attila. Et François Souderin[1], evesque de Florence, voyant les peuples de cette ville-là cruellement acharnez au sang et à la vie les uns des autres, et qu’il estoit

  1. Souderin : Soderini.