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preschans et baptisans en divers lieux, mesmement aux fauxbourgs de Paris ; qui fut cause que les prestres irritez de cela s’assemljlèrent en l’église de Sainct-Medard[1], au fauxbourg Saint-Marcel de Paris ; et si tost que le ministre eut commencé de prescher, ils sonnèrent les cloches le plus fort qu’ils peurent, de sorte que les protestans, qui estoient en fort grand nombre en un jardin près du temple, ne pouvoient rien entendre : qui fut cause que deux ou trois de l’assemblée des protestans allèrent par devers les prestres pour les faire taire, ce qu’ils ne peurent obtenir, et de là vinrent aux paroles et aux prises, dont il y en eut un qui mourut.

Les prestres incontinent fermèrent leur église, et montans au clocher sonnèrent le tocsin pour esmouvoir le peuple catholique, qui accourut soudain au lieu où se faisoit le presche. Mais les protestans s’y trouvèrent les plus forts, et avec grande violence rompirent les portes de l’église, où ils trouvèrent un des leurs battu et blessé à mort, ne se pouvant mouvoir, lequel ils avoient envoyé dire aux prestres qu’ils cessassent de sonner les cloches : irritez de cela ils pillèrent l’église, et abbattirent et rompirent les images, en menaçant de mettre le feu au clocher, si les prestres ne cessoient

  1. En l’eglise de Sainct Medard. Les protestans, soutenus par le gouvernement, se livrèrent à cette occasion à de grands excès contre les catholiques. Ils enfoncèrent les portes de l’église de Saint-Mëdard, la saccagèrent, et firent prisonniers une trentaine de catholiques. Peu de temps après ils publièrent un pamphlet intitulé : Histoire véritable de la mutinerie, tumulte et sédition, faicts par les prebstres de Saint-Medard contre les fideles, le samedi 27e jour de decembre. Ce pamphlet, où respire l’esprit de parti, se trouve dans le second volume des Mémoires de Condé.