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la plus grande partie estoient fort bons catholiques. Et mesme le chancelier de L’Hospital, l’Admirai et autres du privé conseil, favorisans ladicte requeste, sçavoient bien que si elle estoit accordée au privé conseil, elle seroit rejettée par la cour de parlement, en laquelle se devoit admettre la publication et authorité desedicts : neantmoins l’on craignoit que l’authorité des princes et grands seigneurs du privé conseil, qui favorisoient les protestans, ne donnast courage aux conseillers de la cour de parlement qui eussent voulu avancer ladicte requeste, lesquels n’eussent osé l’entreprendre si librement sans l’appuy du conseil privé et des plus grands.

Ladicte requeste fut desbattue d’une part et d’autre à la cour de parlement par plusieurs jours du mois de juin et juillet 1561, où les plus sçavans et grands esprits s’efforcèrent de bien dire, tant ceux dudict parlement que du conseil privé, et se trouvèrent de cinq ou six opinions différentes : les uns estoient d’advis que la requeste devoit estre rejettée, et les edicts faits contre les protestans demeurer en leur, force et vertu. Les autres jugeoient que les peines des edicts, qui estoient capitales, fussent suspendues jusques à la décision du concile general. Aucuns disoient qu’il estoit plus expédient d’en renvoyer la cognoissance aux juges ecclésiastiques, avec deffenses de faire assemblées, ny en public ny en particulier, en armes ny sans armes. Il y en avoit d’autres qui estimoient que l’on leur devoit permettre de s’assembler es maisons particulières pour l’exercice de leur religion, sans estre inquiétez ny recherchez : on rapporta à ce sujet les edicts faits par les empereurs en la primitive Église, sur le différent des catholiques et des ariens, nestoriens et autres sectes,