Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à la tête de six mille cavaliers ; mais ce secours fut inutile parce que la paix venoit d’être signée. (Traité de Longjumeau, 27 mars 1568.)

Il fallut alors que Castelnau employât son crédit auprès du duc pour le déterminer à retourner en Allemagne sans avoir tiré l’épée : il eut plus de peine à le faire partir qu’il n’en avoit eu à l’amener, parce que le jeune prince s’étoit promis, dans la guerre civile, non-seulement de la gloire, mais un butin considérable. Une mission encore plus difficile lui fut confiée près du duc Casimir, dont la Cour s’étoit engagée à payer les soldats. On ne fournit pas au négociateur les fonds nécessaires, et il courut les plus grands dangers au milieu de cette armée, qui le soupçonnoit de vouloir la tromper. La considération personnelle dont il jouissoit put seule l’en préserver ; il employa tour à tour les prières, les promesses, les menaces, pour persuader à ces soldats de se contenter de ce qu’il leur offroit ; et il parvint enfin à les faire retourner dans leur pays.

Ainsi, par ses soins et ses talens, la France fut délivrée de deux armées qui n’étoient venues au secours des catholiques et des protestans que pour s’enrichir de leurs dépouilles. Catherine de Médicis récompensa Castelnau en lui donnant le gouvernement de Saint-Dizier, et une compagnie d’ordonnance.

Ces deux services éminens n’eurent pas les heureux résultats qu’on devoit attendre, parce que la guerre civile se ralluma presque aussitôt (septembre 1568). Castelnau servit avec sa compagnie dans l’armée du duc d’Anjou, devenu lieutenant général depuis la mort du connétable. Il prit part à la victoire de Jar-