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que le duc de Guise avoit nommez, comme les sieurs de Chevigny d’une part, et de Sipierre d’autre : lequel, estant arrivé à Orleans au commencement d’octobre, avec lettres patentes portans mandement de luy obeir, d’abord avec quelque pretexte commença à desarmer les habitans, et fit loger les garnisons ès maisons suspectes de la nouvelle opinion, et par ce moyen s’asseura de la ville : et quand bien les protestans eussent voulu, ils n’eussent pu rien executer. De sorte qu’il n’y avoit rien où ceux de Guise n’eussent bien pourveu, pour couper le chemin à ce qu’eussent pu attenter leurs ennemis et à se rendre maistres des Estats.

Le Roy fit son entrée en ladite ville d’Orleans le dix-huictiesme octobre, et fut receu avec les solemnitez accoutumées aux nouveaux roys. La Reyne fit aussi son entrée le jour mesme. Toutefois le duc de Guise, ny ses freres, ne se trouverent ny à l’une ny à l’autre desdictes entrées, pour oster la jalousie qui pouvoit estre aux princes du sang, et le sujet à leurs ennemis de les calomnier : non qu’ils eussent crainte que l’on les tuast, comme l’on leur en avoit donné quelques advertissemens ; ce qui n’estoit pas aisé à faire : aussi ne s’estonnoient-ils point, et ne laissoient de se monstrer et trouver en public et en tous lieux.

Le dernier jour d’octobre, arriverent le roy de Navarre et le prince de Condé en ladicte ville d’Orleans, seulement avec leurs serviteurs et trains ordinaires. Et, apres avoir salué le Roy et la Reyne sa mere, le Roy dit au prince de Condé qu’il avoit advertissement de plusieurs entreprises qu’il avoit faites contre sa personne et son Estat, qui estoit l’occasion de l’avoir mandé pour estre esclairci de la verité d’une chose