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le roi de Navarre fut blessé à mort, il servit avec distinction à la bataille de Dreux, qui rendit le duc de Guise maître absolu des affaires.

Ce prince, satisfait de sa conduite, lui confia le commandement d’un corps de lansquenets, avec lequel il s’empara de Tancarville par une ruse de guerre qui eut un plein succès. Il parvint à faire croire au gouverneur protestant que cette poignée d’Allemands qu’il conduisoit, ne précédoit que de quelques heures toute l’armée catholique. Une terreur panique s’empara des assiégés, les portes de la place lui furent ouvertes, et il y établit un magasin de vivres et de munitions. Peu de temps après, le duc de Guise fut assassiné devant Orléans, et cette mort, qui laissoit les catholiques sans chef, accéléra la paix. (Traité d’Amboise, 29 mars 1563.) Il ne fut plus alors question que de recouvrer le Havre, qu’Élisabeth espéroit conserver pour se dédommager de la perte de Calais : les deux partis mirent une égale ardeur à chasser les étrangers du territoire de la France ; et les munitions que Castelnau avoit amassées à Tancarville furent d’une grande utilité.

Le Havre ayant été recouvré, Castelnau fut envoyé en Angleterre pour renouer des liaisons avec cette puissance, qui avoit secouru les protestans sans déclarer ouvertement la guerre. Il étoit en même temps chargé de demander la main d’Élisabeth pour le jeune Charles IX : proposition assez singulière à cause de la disproportion d’âge[1], et sur le succès de laquelle Catherine de Médicis n’avoit nullement compté. Castelnau ne s’occupa que de la paix, dont les conditions

  1. Charles IX avoit quatorze ans ; Élisabeth en avoit trente.