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parlé les premiers, afin que, sur les opinions, ils puissent resoudre plus meurement les difficultez qui se proposent en ces lieux-là. Estant escheu de parler à Marillac, evesque de Vienne, il suivit aucunement l’opinion dudict evesque de Valence, et emporta la reputation, comme il estoit eloquent, d’avoir très-bien dict. Son opinion estoit de faire rassembler un concile national de toutes les provinces de France, puisque le Pape avoit refusé à l’Empereur Charles cinquiesme le concile general, lors qu’il fut à Boulogne la Grasse : et après avoir deduit plusieurs moyens pour refermer les abus de l’Eglise, et pour retenir le peuple en obeissance du Roy, conclut qu’il seroit necessaire d’assembler les Estats de France, pour ouyr les plaintes et doleances du peuple, en remonstrant les inconveniens qui adviendroient par faute d’assembler lesdicts Estats.

L’Admiral approuva la harangue et resolution dudit Marillac, et toucha un point qui luy sembloit le plus important de tous, disant que c’estoit une chose de perilleuse consequence de tenir telles gardes que celles qui estoient pour lors auprès du Roy, qui ne servoient qu’à faire du desordre, consommer beaucoup d’argent, et le mettre en defiance et crainte de son peuple, monstrant que Sa Majesté n’estoit point haïe de ses Sujets, et que s’il y avoit quelques uns autour de sa personne qui eussent crainte d’estre offencez, ils en devoient retrancher l’occasion : concluant aussi qu’il falloit faire droict sur la requeste des protestans, et leur permettre l’exercice public de leur religion, en quelques endroits qui leur seroient assignez seulement par provision, jusques à tant que l’on peust assembler le concile national.