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La guerre civile qui éclata en France au commencement de 1562 y rappela Castelnau. Il ne balança pas un moment sur le parti qu’il devoit prendre, et il se déclara pour les catholiques. Quoique ses longues études et son expérience lui eussent fait entrevoir toutes les calamités dont les dissensions intérieures menaçoient la France, il sentit qu’au point où les choses en étoient venues, il n’étoit plus possible de garder la neutralité. « En matière de guerre civile, dit-il dans ses Mémoires, il faut tenir un party asseuré, car, dans toute sorte de nations, du temps mesme des Romains, ceux-là ont esté méprisés qui en ont usé autrement. Ils sont peu estimés, et ne peuvent éviter le nom de traistres et d’espions, ceux qui n’ont ordinairement le cœur de se déclarer fidèles pour un party ny pour l’autre. » Mais si le malheur des temps le contraignit à suivre cette direction, qui n’étoit pas celle du chancelier de L’Hospital, il fit paroître, au milieu des fureurs dont les deux partis étoient animés, toute la sagesse et toute la modération de son caractère.

Le fort de la guerre étoit en Normandie, où les protestans avoient livré le Havre aux Anglais. Castelnau fut chargé d’y mener les troupes royales qui tenoient garnison en Bretagne : attaqué en route par le baron de La Colombière qui avoit des forces supérieures, il fut fait prisonnier et conduit au Havre. Mais, comme il étoit connu du commandant anglais, on le laissa jouir d’une certaine liberté, et il en profita pour pratiquer des intelligences qui furent par la suite très-utiles. Ayant été échangé, il joignit l’armée catholique ; et, après avoir pris part au siège de Rouen, où