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SUR L’HISTOIRE DE S. LOUYS.

pruntez. J’ai fait cette reflexion en passant à l’égard des manteaux des anciens François, acause que le sire de Joinville remarque que le roy de Navarre parut en cotte et en mantel à la cour solennelle que le roy S. Louys tint à Saumur en l’an 1242.

Il est constant que non seulement les roys de la seconde race ont solennisé les grandes festes avec ces cérémonies, et cet appareil, mais encore ceux de la troisiéme. Helgaud[1] parle des cours solennelles que le roy Robert tint aux jours de Pasques en son palais de Paris, où il fit des festins publics. Orderic Vital écrit que le roy Philippes I, ayant esté excommunié acause de son mariage avec Bertrade de Montfort, cessa deslors de porter la couronne, et de se trouver à ces festes solennelles : Nunquam diadema portavit, nec purpuram induit, neque solennitatem aliquani regio more celebravit[2]. Et quoy que le roy S. Louys affecta la modestie dans ses habits, neantmoins il observa tousjours dans ces occasions la bien-séance qui estoit requise à la dignité royale : comme il fit en cette cour et maison ouverte qu’il tint à Saumur, où, au récit du sire de Joinville, il fut vêtu superbement, et où il ne se vit jamais tant d’habits de drap d’or. Et quoy qu’il ne dise pas qu’il y parut la couronne sur la teste, cela est neantmoins à présumer, puisque le roy de Navarre, qui s’y trouva présent, y estoit « moult paré et aourné de drap d’or, en cotte et mantel, la çainture, fermail et chappael d’or fin. » Nangis confirme cette magnificence de S. Louys, en ces termes : In solennitatibus regiis, et tàm in quotidianis sumptibus domùs suæ quàm in parlamentis et congrega-

  1. Helgald. in Rob. p. 66, 70.
  2. Order. l. 8, p. 699.