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DES MANUSCRITS ARABES.

fut confiné dans une prison, après avoir régné deux ans et dix-huit jours.

Nedjni-Eddin en montant sur le trône, ne trouva dans le trésor public qu’une seule pièce d’or, et mille drachmes d’argent ; il fit assembler les Grands de l’État et surtout ceux qui avoient eu quelque part à l’administration des finances sous le règne de son frère ; il leur demanda quelle raison les avoit engagés à déposer Melikul-Adil : « parce qu’il étoit insensé » répondirent-ils : pour lors le Sultan, s’adressant aux gens de loi, leur demanda si un insensé pouvoit disposer des finances de l’État ; et, sur leur réponse, que cela étoit contre la loi, il ordonna à tous ceux qui avoient reçu quelque somme de son frère de la rapporter au trésor, ou qu’ils payeroient de leur tête leur désobéissance : il recouvra par ce moyen sept cents cinquante-huit mille pièces d’or, et deux millions trois cens mille drachmes d’argent.

L’année 638 [1240], Salih-Imad-Eddin qui avoit surpris Damas sous le règne de Melikul-Adil, craignit que le nouveau Sultan ne lui arrachât une injuste conquête ; pour la conserver, il fit une ligue offensive et défensive avec les Francs de Syrie ; il leur donna, pour mieux les engager à le soutenir, les villes de Safet[1] et Chakif[2] avec leur territoire, la moitié

  1. Safet, ville de la Palestine, de moyenne grandeur ; elle a une forteresse qui domine sur le lac de Tibériade ; elle est à 57 degrés 35 minutes de longitude, et 32 degrés 30 minutes de latitude. Aboulféda.
  2. Chakif : Aboulféda fait mention de deux forteresses sous le nom de Chakif, Chakif-Arnoun et Chakif-Tiroun : la première, taillée en partie dans le rocher, est sur l’un des chemins qui conduisent de Seyde à Damas ; c’est de la seconde, appelée Tiroun, qu’il est fait ici mention ; elle est en tirant vers la mer, à l’égard de Safet. Chakif-Arnoun est pareillement loin de la mer, sur la crête du Liban.