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EXTRAITS

contre nos ennemis ; le vent obéit à sa voix, et cet événement contribua beaucoup à la victoire. Le roi de France fut fait prisonnier. Dans le temps que l’on se battoit sur terre, une tempête affreuse s’éleva sur le Nil, les bateaux des Français se brisèrent les uns contres les autres, et toutes les troupes qui étoient dedans furent submergées.

Touran-Chah ne jouit pas long-temps de sa victoire ; les esclaves baharites l’assassinèrent : ainsi finit en Égypte la dynastie des Éioubites. Les Syriens et les Égyptiens avoient réciproquement des prétentions sur le trône, et il y eut bien du sang répandu des deux côtés ; enfin d’un commun accord la sultane Chegeret-Eddur fut déclarée souveraine de l’Égypte. Le khalife de Bagdad, indigné du choix des Égyptiens, leur écrivit que c’étoit une foiblesse de leur part de se laisser gouverner par une femme ; que, si parmi eux il ne s’étoit trouvé personne digne du trône, ils auroient dû le lui faire savoir, et qu’il y auroit pourvu.

Malgré la défaite des Français, Damiette étoit restée entre leurs mains : la reine Chegeret-Eddur assembla son conseil, et il fut résolu que l’on mettroit le Roi et tous les Français en liberté, si ce prince consentoit de payer pour sa rançon la somme de huit cent mille pièces d’or et de rendre la ville de Damiette ; la paix fut conclue à ces conditions, et le Roi fut relâché. Ce prince de retour en France, avoit formé le projet de porter de nouveau ses armes en Égypte ; mais la mort arrêta ses desseins, et délivra les Égyptiens de cette inquiétude.


FIN DES EXTRAITS DES MANUSCRITS ARABES.