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EXTRAITS

Touran-Chah fut assassiné l’année 647 de l’hégire, dans la lune de Muharrerm. Les menaces qu’il fit en demandant les trésors de son père, à la Sultane, furent la cause de la mort de ce prince ; la Sultane intimidée et craignant pour sa vie, résolut de le prévenir ; elle anima les esclaves baharites contre lui ; le caractère sombre, mélancolique et soupçonneux du Sultan, avoit aliéné tous les grands du royaume : les esclaves baharites en servant le ressentiment de la Reine vengeoient leurs propres injures ; Touran-Chah à peine sur le trône les avoit éloignés des charges, et sembloit les mépriser ; ils n’ignoroient point que, lorsqu’il étoit ivre il allumoit des bougies, et que, du tranchant de son sabre il en faisoit voler les extrémités en disant : C’est ainsi que je veux traiter les esclaves baharites. Ils entrèrent un jour dans sa tente, le sabre nu à la main ; ce prince prend la fuite ; ils le poursuivent et lui déchargent quelques coups ; il échappe, se réfugie dans un donjon de bois qui étoit sur le bord du Nil, et se barricade. Les conjurés y mettent le feu, malgré les promesses qu’il leur faisoit de quitter le trône et de s’en retourner à Kéifa ; la flamme gagne le donjon ; le sultan se précipite dans le Nil, où ces barbares achevèrent de le massacrer ; de sorte que le fer, le feu et l’eau furent tour-à-tour mis en usage, pour lui ôter la vie : son corps resta trois jours abandonné sur les bords du Nil. On lui donna ensuite la sépulture.

Après le massacre de Touran-Chah, la Sultane fut proclamée reine d’Égypte ; l’émir-Azzeddin-Aibegh, Turcoman de nation, fut déclaré généralissime de toutes les troupes, et premier ministre : cette princesse, après avoir régné trois mois, abdiqua volontaire-