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EXTRAITS


De Fariskour, les Français vinrent camper à Gharmesah, de là à Barmoun ; ils mirent ensuite le siège devant la ville de Mansoura : les béliers et les autres machines de guerre furent dressés contre la place. À la pointe du jour, les assiégeans y entrèrent par surprise ; l’émir Fakreddin étoit alors au bain ; il sort aussitôt, monte à cheval et se met à la tête des troupes pour repousser l’ennemi. Le combat fut long et opiniâtre ; les Français étoient déjà maîtres d’une partie de la ville ; leur roi avoit pénétré jusqu’au palais du Sultan ; et, sans les esclaves baharites il s’en seroit rendu maître. Ces courageux Mamelucs, qui avoient déjà donné des preuves de leur valeur sous Nedjm-Eddin, chargèrent les Français avec tant d’impétuosité qu’ils rompirent leurs rangs et les mirent en fuite ; quinze cents cavaliers des ennemis périrent dans cette occasion ; il n’en seroit pas échappé un seul ; mais, comme on se battoit dans des rues étroites et tortueuses, cette circonstance favorisa leur retraite.

Sur ces entrefaites Touran-Chah arrive, enlève aux ennemis cinquante-deux de leurs bâtimens, et mille Français sont tués ou faits prisonniers ; bientôt leur armée manqua de provisions : les Musulmans profitent de leur foiblesse, les entourent de tous côtés, et les chargent en même temps. Les Chrétiens ne font aucune résistance ; ils abandonnent leurs tentes et leur bagage et prennent la fuite ; trente mille furent passés au fil de l’épée, sans compter ceux qui se précipitèrent dans le Nil et s’y noyèrent : leur Roi s’étoit réfugié à Minieh, village proche Damiette ; il se rendit à condition qu’on lui accorderoit la vie. Touran-Chah y consentit ; ce prince infortuné fut chargé de chaînes et conduit