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DES MANUSCRITS ARABES.

offrirent de rendre Damiette, pourvu qu’on leur donnât en échange Jérusalem et quelques places maritimes de la côte de Syrie ; mais ces propositions furent rejetées : bientôt une famine affreuse se mit dans leur armée ; la communication entre Damiette et leur camp étoit interrompue ; enfin la nuit du mercredi 3e jour de la lune de Muharrem l’année 648, ils se mirent en marche et prirent le chemin de Damiette ; les Égyptiens les atteignirent à la pointe du jour et en firent un carnage terrible ; plus de trente mille Français restèrent sur la place ; leur Roi et tous les seigneurs qui l’accompagnoient furent faits prisonniers et conduits à Mansoura : ce prince fut chargé de chaînes et enfermé dans la maison de Fakreddin-Lokman.

Touran-Chah, après cette victoire, alla à Fariskour, où il fit bâtir une tour sur le bord du Nil ; les esclaves baharites mécontens de ce prince l’assassinèrent dans sa tente ; Bibars, qui fut ensuite roi d’Égypte, lui porta le premier coup ; ce prince se réfugia dans sa tour, mais les conjurés y ayant mis le feu, il fut obligé de se précipiter dans le Nil, où ils achevèrent de lui ôter la vie à coups de (lèches ; Chegeret-Eddur fut proclamée reine d’Égypte, et le Turcoman Azzeddin-Aibegh devint général des armées. Ce fut sous le règne de cette princesse que le roi de France traita de sa rançon ; il offrit de rendre Damiette, les conditions furent acceptées, et il recouvra la liberté avec tous les Français qui étoient en Égypte ; Damiette fut remise aux Musulmans un vendredi troisième jour de la lune de Sefer, et le lendemain le Roi s’embarqua pour Acre.