Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 3.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
DES MANUSCRITS ARABES.

mettre pied à terre, passa de la rive occidentale du Nil à l’orientale ; toute l’armée ennemie débarqua le 9 de la lune de Sefer, et campa sur la rive occidentale du Nil.

L’arrivée des Français et la retraite de Fakreddin remplirent de crainte les habitans de Damiette ; la garnison abandonna lâchement la ville et en laissa les portes ouvertes ; c’est ainsi que cette place importante tomba entre les mains des Français, avec toutes les munitions de guerre et de bouche qui y étoient renfermées. Nedjm-Eddin au désespoir de la prise de Damiette, malgré la foiblesse où il étoit, vint en personne à Mansoura pour combattre les François ; ce sultan étoit attaqué d’une fistule et d’un ulcère au poumon, il traînoit depuis long-temps une vie languissante ; il expira enfin dans la quarantième année de son âge, après avoir régné neuf ans huit mois et vingt jours. Ce prince étoit courageux, entreprenant et plus occupé des affaires du gouvernement que de ses plaisirs ; il vouloit être instruit de tout par lui-même, et aucun de ses ministres n’auroit osé agir sans ses ordres ; il ne croyoit point qu’il fût de la majesté d’un sultan de conférer avec des sujets ; aussi parloit-il fort peu ; ses domestiques ne l’abordoient qu’en tremblant ; toutes les affaires se traitoient par des mémoires, auxquels il répondoit lui-même.

Dès qu’il fut expiré, la sultane Chegeret-Eddur en fit part au général Fakreddin et à l’eunuque Djemal-Eddin-Muhsun ; ils résolurent de tenir secrète la mort de Nedjm-Eddin, dans la crainte que cette perte ne devînt favorable aux Français, et les ordres furent donnés au nom du Sultan défunt, comme s’il eût été en-