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DES MANUSCRITS ARABES.

dans une place prise d’assaut ; elles commencèrent par piller et par égorger les Français qui y étoient ; leurs officiers furent obligés d’employer la force pour faire cesser le carnage et les faire sortir de la ville ; l’on estima les munitions qui y étoient quatre cent mille pièces d’or, que l’on diminua sur les huit cent mille que l’on devoit recevoir ; le Roi paya les quatre cent mille qui restoient, et eut la liberté de quitter l’Égypte ; il s’embarqua sur les trois heures après midi : dès qu’il fut au large, il envoya par une chaloupe un ambassadeur aux Mamelucs ; celui-ci, s’étant présenté devant eux, leur dit, par l’ordre de son roi, qu’il n’avoit jamais connu personne qui eut moins de religion, de reconnoissance et d’esprit qu’eux ; qu’ils avoient montré leur peu de religion et leur ingratitude en massacrant leur sultan, dont la personne étoit sacrée pour eux et qui étoit le fils[1] de leur fondateur et de leur bienfaiteur ; que, pour l’esprit, ils avoient prouvé qu’ils n’en avoient point, en relâchant pour une somme modique un prince comme lui, qui étoit le maître de la mer et qui auroit donné son royaume pour recouvrer la liberté. Ce prince, de retour dans son pays, méditoit une seconde expédition contre l’Égypte ; l’on se repentit de l’avoir laissé partir ; mais la mort prévint ses desseins.

  1. Le fils. Nedjm-Eddin, père de Touran-Chah, avoit institué la milice des esclaves Baharites. Voyez la note page 20.