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EXTRAITS

les Français : il partit pour cette ville, suivi d’un détachement de l’armée égyptienne ; mais quel fut l’étonnement de ce prince, quand il vit les étendards musulmans qui étoient déjà arborés sur les remparts de Damiette ! Il changea de couleur, et ne doutant point qu’il n’eût été trahi, il perdit toute espérance de liberté : c’étoit le sentiment de Hussam-Eddin, qui vouloit profiter de cet événement ; mais le Turcoman Aibegh-Elsalihi qui gouvernoit l’Égypte, et les autres Mamelucs baharites, n’y voulurent jamais consentir ; la crainte de perdre les cinq cent mille pièces d’or fut la cause d’une générosité qui n’étoit que feinte, et qu’ils pallièrent du spécieux prétexte de ne point manquer à la fidélité qu’on doit aux traités. Hussam-Eddin, durant les conférences qu’il eut avec le roi de France, lui demanda de combien de soldats étoit composée son armée quand il aborda à Damiette ; il lui répondit qu’il avoit neuf mille cinq cents hommes de cavalerie et cent trente mille hommes d’infanterie, en y comprenant les ouvriers et les domestiques.

Saad-Eddin, que j’ai déjà cité, rapporte ce qui regarde la reddition de Damiette d’une autre manière ; il dit que les conditions furent, que les Français rendoient Damiette, qu’ils payeroient la somme de huit cent mille pièces d’or, en dédommagement des munitions de guerre et de bouche qu’ils avoient trouvées dans cette ville lors de sa prise, et qu’ils délivreroient tous les prisonniers musulmans qu’ils avoient faits durant la guerre : ils jurèrent d’observer ce traité, et une partie de l’armée se mit en marche pour en prendre possession. Les troupes Égyptiennes, incapables de discipline, entrèrent dans Damiette comme