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DES MANUSCRITS ARABES.

culté culte qu’elle avoit de faire venir des vivres, l’avoient considérablement diminuée ; la mortalité s’étendit jusqu’aux chevaux ; enfui le Roi, voyant le triste état de ses troupes, prit la résolution de décamper pendant la nuit, et de retourner à Damiette ; pour faciliter sa retraite, il fit construire sur le Nil un pont d’arbres de pin ; mais le dessein des Français ne put être si secret que les Égyptiens n’en fussent instruits ; ils passent sur le même pont que leurs ennemis, les atteignent, et malgré l’obscurité de la nuit, les attaquent. Les Français investis de tous côtés ne font qu’une foible résistance, et se retirent en désordre à un village appelé Minieh : tandis que l’on se battoit sur terre, la flotte égyptienne attaque sur le Nil celle des Français ; tous leurs bateaux sont pris, et ceux qui les montent sont faits prisonniers ; le Roi, suivi de cinq cents cavaliers des plus braves de son armée, s’étoit retranché dans la maison d’Abiabdaellah, seigneur du Minieh ; ce prince témoin de la déroute de ses troupes, vit bien que la résistance étoit inutile, et qu’il y auroit plutôt de la fureur que du courage de combattre contre une armée entière avec si peu de monde ; il fit appeler l’eunuque Rechid et l’émir Seifeddin-Elkanieri, et consentit à mettre bas les armes, à condition qu’on lui accorderoit la vie et à toute sa troupe. Les Égyptiens cependant poursuivirent toujours les Français, et ils furent tous massacrés, excepté deux cavaliers qui poussèrent leurs chevaux dans le Nil, et rencontrèrent dans les eaux de ce fleuve la mort qu’ils avoient voulu éviter sur terre ; les tentes, le bagage des Chrétiens furent la proie des vainqueurs, qui firent un butin immense.