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DES MANUSCRITS ARABES.

au commencement de l’année de l’hégire 647 [1249]. Le bruit qui avoit couru de l’expédition des Francs lui est confirmé ; il sait que la flotte Française a hiverné dans l’île de Chypre, et qu’elle porte un nombre infini de soldats commandés par le roi de France, un des plus puissants monarques de la Chrétienté et le prince le plus courageux de son temps.

Nedjm-Eddin ne douta point que le premier effort des Chrétiens ne fût contre Damiette ; il pourvut cette ville de munitions de guerre et de bouche, et y mit une garnison nombreuse ; Fakreddin, général de ses armées, couvroit la ville avec un corps de troupes. La flotte française parut enfin dans le mois de Sefer, et mouilla vis-à-vis le camp de Fakreddin ; le lendemain les Français débarquèrent sur le même terrein où étoit campé le général égyptien ; les Chrétiens descendus à terre marchèrent contre lui ; les émirs Nedjm-Eddin et Veziri ayant été tués dans ce premier choc, Fakreddin se retira en désordre, passa le Nil sur un pont et se retira jusqu’à Achmoum-Tanah.

La garnison et les habitans de Damiette, témoins de la fuite de l’armée musulmane, eurent peur à leur tour ; ils abandonnèrent la ville pendant la nuit ; le lendemain matin les Français s’en emparèrent sans coup férir, et y trouvèrent un amas prodigieux d’armes, de machines de guerre et de provisions de bouche. La lâche retraite de Fakreddin fut la cause de la perte de cette place, qui auroit pu résister long-temps ; elle avoit soutenu trente-deux années auparavant, un siège de plus de douze mois, quoiqu’elle ne fût ni si bien fortifiée ni si bien munie.

Le Sultan au désespoir de cette perte, fit pendre