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EXTRAITS

obligea la sultane Chegeret-Eddur de lui rendre compte des richesses de Nedjm-Eddin son père : la Sultane effrayée implora la protection des esclaves baharites ; elle leur représenta les services qu’elle avoit rendus à l’État, dans des temps difficiles, et l’ingratitude de Touran-Chah, qui lui devoit la couronne qu’il portoit. Ces esclaves, déjà irrités contre Touran-Chah, ne balancèrent pas à prendre le parti de la Sultane ; ils résolurent d’assassiner ce prince ; et, pour exécuter leur dessein, choisirent l’instant qu’il étoit à table ; Bibars-Elbondukdari lui porta le premier coup de sabre, qu’il para avec sa main, mais ses doigts furent coupés ; il s’enfuit dans la tour de bois qu’il avoit fait construire sur le bord du Nil et qui étoit à peu de distance de sa tente ; les conjurés le poursuivirent, et voyant qu’il avoit fermé la porte, ils y mirent le feu : toute l’armée étoit présente ; mais, comme ce prince étoit généralement détesté, personne ne prit sa défense ; en vain il crioit du haut de la tour, qu’il abdiquoit la royauté et qu’il s’en retourneroit à Husn-Keifa : les assassins furent inflexibles. Enfin les flammes gagnant la tour, il se jeta dans le Nil ; ses habits en tombant s’accrochèrent, et il resta quelque temps suspendu ; dans cet état il reçut plusieurs coups de sabre, il tomba ensuite dans le fleuve où il expira ; ainsi le fer, le feu et l’eau contribuèrent à lui arracher la vie : son corps resta trois jours sur le bord du Nil, sans que personne osât lui donner la sépulture ; l’ambassadeur du Khalife de Bagdad obtint cette grâce et le fit ensevelir.

Ce Prince cruel en montant sur le trône avoit fait étrangler son frère, nommé Adil-Chah ; quatre es-