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DES MANUSCRITS ARABES.

trouva seul au milieu des Français ; en vain il voulut se défendre, il tomba percé de coups. Les Français après la mort de Fakreddin se retirèrent à Djédilé ; toute leur cavalerie vint ensuite se présenter devant Mansoura, et ayant renversé une des portes elle entra dans la ville : les Musulmans prirent la fuite à droite et à gauche ; le Roi de France avoit déjà pénétré jusqu’au palais du Sultan, et la victoire sembloit se déclarer pour lui, lorsque les esclaves Baharites, conduits par Bibars, vinrent la lui arracher ; ils le chargèrent avec fureur et l’obligèrent à reculer : l’infanterie française pendant ce temps-là s’étoit avancée pour passer le pont ; si elle avoit pu joindre la cavalerie, la défaite de l’armée Égyptienne et la perte de la ville de Mansoura étoient inévitables. La nuit sépara les deux partis ; les Français se retirèrent en désordre à Djédilé, après avoir laissé quinze cents des leurs sur la place ; ils entourèrent leur camp d’une muraille et d’un fossé ; leur armée se trouva séparée[1] en deux corps, dont le moins considérable étoit campé sur la branche d’Achmoum, et le plus nombreux sur la plus grande branche du Nil qui passe à Daniiette.

L’on avoit fait partir un pigeon[2] pour le Caire, dans l’instant que les Français avoient surpris le camp de Fakreddin, et il avoit sous son aile un billet qui apprenoit ce malheur aux habitans : cette triste nouvelle avoit causé dans la ville une consternation géné-

  1. Séparée. Joinville parle d’un camp séparé de celui du Roi, et qui était gardé par le comte de Bourgogne.
  2. pigeon. Cette coutume est très-ancienne dans l’Orient ; il n’y a pas quarante ans que cet usage subsistait encore à Alep ; et des pigeons envoyés d’Alexandrette à Alep, apprenaient l’arrivée des vaisseaux. Cet usage est entièrement aboli.