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nys[1] ». En la bataille de Mons en Puelle l’an 1304, le roy Philippes le Bel voyant « Que les Flamens avoient jà tué deux bourgeois de Paris, qui à son frein estoient, et messire Gilbert de Chevreuse qui gisoit mort devant luy, l’oriflambe entre ses bras, s’escria le noble roy : Montjoie S. Denys, et se ferit en l’estour. » Tels cris estoient appellez, cris à la recousse ; ainsi que Froissart nous enseigne en plusieurs endroits[2] : « Quand les François les virent issir, et ils ouïrent crier Mauny à la recousse, ils reconnurent bien qu’ils estoient trahis. » Et ailleurs, là crièrent leurs cris à la recousse. Et comme par les cris on faisoit venir du secours, il en arrivoit quelquefois inconvénient, spécialement dans les querelles particulières, où ceux qui se battoient crioient les cris de leurs seigneurs, afin d’attirer par ce moyen à eux ceux de leur party et de leur brigade. Ce qui donna occasion à l’empereur Frédéric i, en ses constitutions militaires de faire celle-cy : Si alter cum altero rixatus fuerit, neuter debet vociferari signa castrorum, ne inde sui concitentur ad pugnam[3]. Et cette autre : Nemo vociferabitur signo castrorum, nisi quœrendo hospitium suum[4].

Non seulement on crioit le cry général au commencement de la bataille, mais encore chaque soldat crioit le cry de son capitaine, et chaque cavalier celuy de son banneret, d’où vient que Guillaume le Breton voulant dire que la bataille n’estoit pas encore commencée, se sert de cette façon de parler :

  1. Chron. de Flandr. c. 15, 23, 44.
  2. Froiss. i. vol. c. 151, 222 ; 2. vol. c. 162 ; 3. vol. c. 15.
  3. Raderic. de gest. Frid. I. 3, c. 26.
  4. Gunther. l. Ligur. p. 158.