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EXTRAITS

cais, la consternation fut générale dans le Caire ; on songeoit avec douleur combien cette prise devoit augmenter leurs forces et leur courage ; les ennemis avoient vu fuir lâchement devant eux l’armée musulmane, et ils se trouvoient les maîtres d’une quantité innombrable d’armes de toute espèce, de munitions de guerre et de bouche. La maladie du Sultan qui devenoit de jour en jour plus considérable, et qui l’empêchoit d’agir dans des circonstances aussi critiques, mettoit le comble au désespoir des Égyptiens ; personne ne doutoit que le royaume ne devint bientôt la conquête des Chrétiens.

Le Sultan, indigné de la lâcheté de la garnison, condamna cinquante des principaux officiers à être étranglés ; en vain voulurent-ils alléguer pour leur défense la retraite de l’émir Fakreddin ; le Sultan leur dit qu’ils méritoient la mort, pour avoir quitté Damiette sans ses ordres : un de ces officiers, condamné à périr avec son fils, qui étoit un jeune homme d’une rare beauté, demanda d’être exécuté avant lui ; le Sultan lui refusa cette grâce, et le père eut la douleur de voir expirer son fils sous ses yeux.

Après cette exécution, le Sultan se tourna du côté de l’émir Fakreddin : « quelle résistance avez-vous faite, lui dit-il d’un air irrité, et quels combats avez-vous livrés ? vous n’avez pu tenir une heure devant les Francs ; il falloit plus de fermeté et de courage. » Les officiers de l’armée craignirent pour Fakreddin la colère du Sultan ; ils firent comprendre à l’émir par leurs gestes, qu’ils étoient prêts à massacrer leur Souverain : Fakreddin leur refusa son consentement ; il leur dit ensuite que le Sultan pouvoit tout au plus vivre