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EXTRAITS


Le Roi de France, avant de commettre aucune hostilité, envoya par un héraut une lettre au Sultan Nedjm-Eddin ; elle étoit conçue en ces termes :

« Vous n’ignorez point que je suis le Prince de ceux qui suivent la Religion de Jésus-Christ, comme vous l’êtes de ceux qui obéissent à la loi de Mahomet. Votre pouvoir ne m’inspire aucune terreur, et comment m’en inspireroit-il ? moi qui fais trembler les Musulmans qui sont en Espagne, je les mène comme un berger conduit un troupeau de moutons ; j’ai fait périr les plus braves d’entre eux, j’ai chargé de fers leurs femmes et leurs enfans ; ils tâchent de m’appaiser et de détourner mes armes par des présens. Les soldats qui marchent sous mes étendards couvrent les plaines, et ma cavalerie n’est pas moins redoutable. Vous n’avez qu’un moyen de détourner la tempête qui vous menace ; recevez des Prêtres qui vous enseignent la religion chrétienne ; embrassez-la, et adorez la Croix : autrement je vous poursuivrai partout, et Dieu décidera qui de vous ou de moi doit être le maître de l’Égypte. »

Nedjm-Eddin à la lecture de cette lettre ne put retenir ses larmes ; il dit écrire la réponse suivante par le Cadi Behaeddin son secrétaire.

« Au nom de Dieu tout-puissant et miséricordieux, le salut soit sur notre Prophète Mahomet et sur ses amis. J’ai reçu votre lettre ; elle est remplie de menaces, et vous faites parade du grand nombre de vos soldats ; ignorez-vous que nous savons manier les armes, et que nous avons hérité de la valeur de nos ancêtres ? Jamais personne n’a osé nous attaquer, qu’il n’ait éprouvé notre supériorité. Rappelez-vous