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DISSERTATIONS

decernerent, agiliores ad prœlium, et exercitatiores redderentur. Mais ce grand roy est blâmé[1] de ce que voiant l’ardeur extraordinaire que les siens avoient pour se trouver à ces exercices militaire, il en prit occasion pour lever de l’argent sur ceux qui voudroient y aller : rege id decerneiite, et à singulis qui exerceri vellent indictæ pecuniæ modulum exigente[2].

Les Alemans ne mirent pareillement les tournois en usage, qu’après qu’ils les eurent receûs des François. Je sçay bien que Modius[3] en fait l’origine beaucoup plus ancienne en ces pays-là, nous ayant donné des tournois qui furent celebrez en Alemagne long-temps avant Geoffroy de Preuilly. Mais aussi ceux qui sont tant soit peu versez dans l’Histoire, n’ignorent pas que ce livre est remply de fables, et il faut avouer que son auteur a passé les bornes de l’impudence, lorsqu’il nous a donné[4] un Antoine marquis de Pont à Mouçon, Claude comte de Tolose, Paul duc de Bar, Ligore comte de Bourgogne, Sigismond comte d’Alençon, Louys comte d’Armagnac, Philippes comte d’Artois, Antoine comte de Boulogne, et autres princes imaginaires, qui se trouverent, à ce qu’il dit, avec l’empereur Henry I, en la guerre contre les Hongrois. Il est bien vray que Munster a écrit que les tournois commencérent à paroitre dans l’Alemagne en l’an 1036, en laquelle année il s’en fit un dans la ville de Magdebourg[5] ; que si ce qu’il dit est veritable, cela se fit au même temps que Geoffroy de Preuilly les inventa, n’estant pas hors de probabilité de croire

  1. Math. West. Neubrig.
  2. Brompton, p. 1261.
  3. Fr. Moedius in Pandect. Triumph. A. Favyn. l. 10, du Théâtre d’Honneur.
  4. Id. Modius. to. 2, l. I, p. 15.
  5. Munster, Geog. l. 3, p. 896.