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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

fait prisonnier à la bataille de Bouvines. Jeanne avoit une sœur cadette nommée Marguerite, fort jeune alors, et qui fut mise sous la tutèle de Bouchard d’Avesnes. Bouchard étoit dans les ordres sacrés, ce qui ne l’empêcha pas d’aimer sa pupille, d’obtenir qu’elle répondît à sa passion, et de l’épouser ; mais le remords s’empara bientôt de lui ; il se sépara de son épouse, et partit pour Rome afin d’obtenir son pardon. Le Pape consentit à le lui accorder, à condition qu’il ne verroit plus Marguerite, et qu’il feroit un pèlerinage dans la Terre sainte. Bouchard, bien décidé à se soumettre, revint en Flandre pour faire ses préparatifs, revit par hasard sa jeune épouse, et n’eut plus la force de la quitter. L’excommunication dont il fut frappé ne put vaincre une passion devenue plus forte que jamais. Il vécut long-temps avec Marguerite et en eut deux enfans. Cependant, comme il n’avoit jamais été tranquille sur sa position, le repentir prit le dessus à mesure que l’amour s’éteignit, et de concert avec son épouse, il se sépara d’elle pour se livrer aux exercices de la pénitence. Marguerite, ayant succédé à Jeanne et à Ferrand, épousa Guillaume de Dampierre, dont elle eut trois fils et deux filles. Devenue veuve de cet époux, elle ne prit aucune précaution pour fixer le sort de sa double famille. Alors les Dampierre et les d’Avesnes se disputèrent, de son vivant, la succession des comtés de Flandre et de Hainault. Louis, considérant que Marguerite avoit fait de bonne foi son premier mariage, et qu’ainsi les enfans qui en étoient sortis ne pouvoient être regardés comme illégitimes, décida que la Flandre ap-