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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

d’avoir corrompu le médecin pour servir les projets ambitieux de Mainfroy, fils naturel de Frédéric, qui vouloit s’emparer du royaume de Naples. Le médecin, convaincu d’avoir essayé d’empoisonner l’Empereur fut pendu, et Desvignes, à qui l’on brûla les yeux, fut promené dans plusieurs villes et jeté dans une prison, où il se donna la mort. Toutes les espèces d’infortunes semblèrent se réunir pour accabler Frédéric pendant cette année, qui précéda celle de sa mort. Hents, l’un de ses fils, auquel il avoit donné la Sardaigne, mourut après avoir été fait prisonnier par les Bolonais. Un autre fils, dont le nom n’est point connu, fut tué dans le royaume de Naples, et Mainfroy, le seul de ses enfans naturels qui lui restât, celui qu’il chérissoit le plus, le trahissoit. Dans son désespoir, il implora la compassion du Pape, qui rejeta ses prières.

Retiré dans la Pouille, le malheur parut avoir aigri son caractère jusqu’alors doux et modéré, dans tout ce qui ne regardoit pas les affaires de l’Église. Il accabla les peuples d’impôts, condamna aux galères ceux qui ne pouvoient les payer, et se fit détester. Livré aux sentimens les plus violens et les plus exaltés, il tomba de nouveau malade à Florenzola. On dit qu’au moment où il sembloit hors de danger, Mainfroy l’étouffa en lui mettant un oreiller sur le visage. Son corps fut conduit à Montréal où il avoit désiré d’être enterré, et la litière qui le portoit fut escortée par deux cents Sarrasins, qui formoient sa garde : circonstance qui contribua, d’après les idées du temps, à faire détester sa mémoire par les Chrétiens. Ainsi mourut, le 13 décembre 1250, à l’âge de cinquante-